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Page:Journal asiatique, série 11, tome 5.djvu/573

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SOCIÉTÉ ASIATIQUE.

ciation, entre le schin (ש) et le sameh (ס) n’était pas rare : nous avons l’exemple de Schiboleth-Siboleth (Juges, xii, 6).

Un hébraïsant distingué, M. Lipschütz, à qui nous avons fait part de ce qui vient d’être exposé, nous fit observer que, même sans apporter la moindre correction au texte rabbinique signalé, rien ne s’opposerait à y lire quetab libonaé (כְּתָב אֲשׂורִית), avec sin à la place de schin, puisque le texte talmudique n’est jamais vocalisé. Le mot assourith serait synonyme du mot sourith (syrienne), avec un aleph de prosthèse, comme on en trouve de temps à autre dans la littérature rabbinique. D’une façon ou de l’autre, il s’agit ici de l’écriture syrienne, c’est-à-dire araméenne, selon notre manière de parler.

Quant à l’écriture archaïque appelée libonaée, abandonnée à l’usage des Couthéens, nom sous lequel le Talmud désigne toujours les Samaritains, elle est bien celle qu’on a trouvée dans l’inscription de Siloë et sur les monnaies du temps des Macchabées. Comme l’a fait remarquer M. de Vogüé, son caractère est très voisin du phénicien, et c’est sans doute à cause de cette ressemblance qu’on la désigne par quetab libonaé[1], c’est-à-dire « écriture libannaise », le « Libannais » désignant l’ancienne Phénicie.

D. Sidersky.
trousseau d’une fiancée égyptienne au xviie siècle.

La bibliothèque de l’Association cultuelle juive à Paris possède, parmi ses manuscrits venus du Caire, une série de textes judéo-espagnols, c’est-à-dire rédigés en langue espagnole, mais écrits en caractères cursifs africains, aux ligatures compliquées, peu claires, parfois déconcertantes. Le dernier de ces documents[2] est l’inventaire d’un trousseau apporté par une fiancée au futur ménage ; le langage est une sorte de mosaïque, composée de mots espagnols du xve siècle, auxquels sont mêlés des

  1. Une explication originale du terme quetab libonaé a été donnée par M. Shwab (A Talmudic Question, Babylonian Oriental Record, t. II, 1888, p. 292), dans une lettre adressée à M. Jules Oppert. Ayant émis l’hypothèse que l’écriture samaritaine dérive des signes cunéiformes assyro-babyloniens, notre savant collègue traduit quetab libonaé par écriture sur brique, du mot hébreu לְבֵנִים. Dans ces conditions, c’est plutôt à cette écriture assyrienne qu’on aurait dû donner le nom d’aschourith, et non à l’hébreu carré qui dérive de l’écriture araméenne.
  2. C’est un feuillet d’une colonne, papier jauni, coté IX B 27.