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lui, on s’apperçoit quelles offrent de grandes analogies entre elles, tant pour les objets dont elles traitent que pour le but quelles se proposent, mais que les premières présentent des symboles et des images que l’on chercherait en vain dans les secondes. Cette différence a frappé, en tout temps, les interprètes juifs et chrétiens, et ils ont même élevé des doutes sur l’authenticité des écrits de cet illustre prophète de la captivité de Babylone. Cependant cette dissemblance si frappante ne dérive que de ce que la main de l’éternel fut sur lui au pays des Chaldéens (ch. i, 3), et non dans la Palestine[1].

Ézéchiel qui, selon Lowth et Grotius, se distingue entre tous les écrivains sacrés, autant par son génie que par son instruction, a dû emprunter au peuple qui le tenait en esclavage, tout ce que ses arts et ses sciences lui offraient de remarquable, et le mêler aux traditions qu’il tenait de ses pères et aux connaissances qu’il devait à son éducation. Nous le voyons en effet fixer d’abord l’époque de sa mission, d’après la chronologie chaldéenne et celle de l’histoire des rois de la Judée (ib. 2), et en appeler plus loin (iv, 1) à la manière dont les savans babyloniens notaient leurs observations célestes, et traçaient le plan d’une ville ou la carte d’un pays entier, sur des briques cuites[2].

  1. En comparant Isaïe avec Zacharie, et Jérémie avec Daniel, on peut acquérir la pleine conviction de l'extrême influence que les lieux et les temps de la seconde captivité ont exercée sur l’esprit des prophètes de l’Ancien Testament.
  2. Voyez Plin. vii, 57.