Page:Journal asiatique, série 2, tome 6.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 294 )

Or, quiconque voudrait conclure de cet état des choses, que la langue chaldéenne a emprunté du grec parlé par les Juifs après la captivité, cette signification astronomique du mot galgal, et tâcherait de nous le persuader en s’appuyant principalement sur le passage du Talmud que je viens de citer, et qui nous laisse entrevoir que les docteurs de la synagogue n’ont pas été étrangers aux notions scientifiques des philosophes de la Grèce, se laisserait séduire par de vaines apparences. En effet, l’auteur du psaume lxxvij, qui a été tout au moins contemporain d’Ézéchiel, a attribué au mot galgal, précisément la même signification que les talmudistes et les targumistes, dans ce passage très-remarquable (ib. 19) : קוֹל רַעַמְךָ בַגַּלְגַּל הֵאִירוּ נְיָקִים תֵּנֵל יָגְזָה וַתִּיְעַשׁ הָאָרֵץ, la voix de ton tonnerre dans le galgal, les éclairs ont éclairé la partie du globe habitée, la terre en a été émue et en a tremblé. Les LXX et la Vulgate, dit le D.r Rosenmüller, traduisent ici[1] : la voix de ton tonnerre dans la roue, ce qui n’est nullement déplacé, si l’on prend la roue pour le char, car alors le Prophète nous représenterait Dieu assis sur son char, et se précipitant sur les Égyptiens avec tant de fougue qu’il sortirait des roues de ce char divin, comme autant de tonnerres propres à les épouvanter. Cependant, comme dans ce lieu le nom גַּלְגַּל

  1. La version arabe est encore plus précise à ce sujet طَوْتُ رَعْدكَ ىِ اٗلْغَلَـكِ fragor tonitrui tui in sphæra. Voyez en outre le dictionnaire talmudique intitulé Aruc ערוך, à l’article גלגל.