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Pôlus a été le sixième fils du Demagorgon[1], c’est-à-dire une masse ou globe de boue, tiré de l’eau, qui finit par s’envoler d’entre les mains de celui qui le formait, embrassa toutes les choses créées, et embellit sa surface des étincelles qui s’échappaient de dessous le marteau de son père[2]. Tout le monde sait en outre que Platon, Aristote, Clément d’Alexandrie, Aristophane, Euripide et Virgile ont pris souvent le pôle pour le ciel ou pour les espaces de l’atmosphère, et que cela a porté Suidas à faire la remarque judicieuse que les anciens se sont servis de ce nom dans un sens bien plus étendu que les modernes : πόλον γὰρ οἱ παλαίοι οὐχ ὡς οἱ νεώτεροι σημεῖον τι, καὶ πέρας ἄξονος, ἀλλὰ τὸ περιέχον ἅπαν (ἐκάλουν). D’un autre côté, Weidler nous cite, dans son histoire de l’astronomie, ce vers d’un ancien poète :

Οὐρανίη πόλον εὗρε καὶ οὐρανίων χόρον ἄστρων.

vers qui contient, selon lui, l’invention du globe céleste. Ovide et Claudien confondent le pôle avec le planétaire d’Archimède ; Ammien Marcellin substitue ce même nom à la sphère ; Aristophane et Pollux appellent pôle un hémisphère armé d’un gnomon. Enfin, Saumaise nous assure que, dans une épigramme de l’Anthologie, on attribue cette même dénomination à un planisphère.

  1. Genealogia degli Dei, I. I.
  2. Il est à remarquer que le mot arabe كَوْكَبَ signifie scintillavit ferrum, et que le mot hébreu et chaldéen כוכָב veut dire étoile.