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Or, l’astrolabe sphérique ou planétaire qu’Ézéchiel a trouvé en Chaldée, met, à mon avis, hors de toute contestation que les Chaldéens ont dû faire du verbe גָּלַל le mot astronomique גַּלְגַַּל avant que les Grecs aient formé le nom πόλος de πολέω[1], et que par conséquent Hérodote a eu raison de soutenir que, les premiers, ils ont donné aux Helléniens πόλον la sphère, ϰαὶ γνώμονα et l’hémisphère à gnomon[2].

Je passe maintenant à prouver qu’Ézéchiel s’est servi d’une sphère chaldéenne, pour représenter le ciel des étoiles fixes.

Autant de fois que le Prophète parle des roues (הָאוֹפַנִּים) et des animaux (הַחַיוֹת), il change le genre des pronoms suffixes qui sont relatifs aux unes et aux autres, de sorte que les pronoms qui se rapportent aux premières sont du genre des derniers, et vice versa. Je pense que, comme une telle irrégularité n’a lieu que dans cette partie de ses visions, elle ne doit pas être attribuée à la permutation du sujet ou objet logique avec le sujet ou objet grammatical, qui sert à expliquer beaucoup d’anomalies semblables dans les idiomes de l’orient. Elle dérive plutôt de ce que le poète sacré

  1. En suivant la même analogie, les astronomes du moyen âge ont créé le nom barbare torquetum du verbe torqueo.
  2. L. ii, 109. De même les philosophes chaldéens ont du employer le mot ophan, roue ou cercle dans un sens astronomique, avant les poètes et les sages de la Grèce. Voyez l’Hymne à Mars attribué à Homère, vs. 8. C’est donc d’Homère et d’Ézéchiel que le Dante a pu tirer le celesti ruote de son Voyage mystique. Je dois avertir mes lecteurs que j’ai donné un petit extrait de mon explication du char d’Ézéchiel, dans un article imprimé en Italie en 1824.