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Πρέσβιστον ἄστρων, νυκτὶς ὀφθαλμὸς[1].

Le Dante a réuni ensemble les idées des deux poètes grecs, là où il nous dit :

Certo non si scotea si forte Delo,
Pria che Latona in iei facesse il nido,
A parturir li due occhi del cielo
[2].

Le prophète Zacharie (iii, 9) nous présente aussi toutes les planètes sous l’image de sept yeux, ouverts sur la pierre fondamentale du temple עַל אֶבֶן אַחַת שִבְעָה עֵינַיִם ; et saint Jean, imitateur de ce prophète, substitue à ces sept yeux sept étoiles, et les sept génies qui présidaient aux sept planètes[3].

Enfin, le Viasa mani aux dix mille prunelles, des Indiens, le Mithra aux dix mille yeux des Persans, et l’Argus aux cent yeux des Grecs et des Latins, sont visiblement des symboles de la voûte étoilée qui se montre dans tout son éclat pendant une belle nuit[4].

(La suite à un prochain numéro.)

  1. Sept. ant. Theb. 375.
  2. Purg. 130-32.
  3. Apocal. i, 4, 13 ; ii, i, iv, 5 ; v, 6, etc. Les sept planètes sont les ministres du roi du ciel, et les ministres des rois de la terre sont nommés leurs yeux, selon Hérodote.
  4. Argus est cælum, dit Macrobe (Saturn. l. 1, c. 19), stellarum luce distinctum, quibus inesse quædam species cælestium videtur oculorum. Et lorsque Ovide le métamorphose en paon (Métamorph. l. i, vs. 625, etc.), il rend ce symbole astronomique aux Égyptiens dont les Grecs et les Latins l’avaient emprunté. Le Tasse qui a dit : Vorria celarla a’ tanti occhi del cielo, a traduit à la lettre ces paroles de Pline : Inde tot stellarum collucentium illi oculi. On