Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1060

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
480
DÉCEMBRE 1865.

qu’il publie ce travail, il nous donne dans le premier volume de son ouvrage sur le buddhisme, le seul qui soit encore venu jusqu’à nous, une précieuse analyse du livre de Târânâtha. J’invoquerai sans les reproduire les récits de Hiouen-Thsang et de Târânâtha ; mais je veux donner d’abord intégralement le récit du Mahâvanso et celui du Kandjur.

Voici d’abord le récit du Mahâvanso, depuis longtemps connu par la publication que G. Turnour a faite du texte pâli d’une portion de cet ouvrage en l’accompagnant d’une traduction anglaise :

« Alors dans les pays de Kasmîra et de Gandhâra, le redoutable Aravâlô, roi des Nâgas, doué d’une grande puissance surnaturelle, faisant tomber une pluie mêlée de grêle, submergea dans une véritable mer toutes les moissons mûres[1]. Le thêrô Majjhantikô s’y rendit promptement à travers les airs, s’abattit sur le lac d’Aravâlô[2], et se tint à la surface de l’eau, marchant et absorbé dans la méditation. Les Nâgas, furieux à cette vue, le firent savoir au roi. Alors, le roi des Nâgas, furieux à son tour, em-

  1. Un traité du Kandjur (section Rgyud) intitulé Nâga samaya (serment des Nâgas) contient des descriptions des cérémonies et des mantras pour obtenir des Nâgas la pluie dans la saison des pluies, et un engagement des Nâgas de ne pas détruire les blés et autres grains. Ces données correspondent très-exactement à l’idée que le Mahâvanso nous donne de ces êtres fabuleux.
  2. Un des lacs du Kashmir porte encore le nom de Vular ou Valler, qui rappelle celui d’Aravâlô. Des étendues d’eau sont quelquefois qualifiées rois des Nâgas. Ainsi on retrouve le roi des Nâgas, l’Océan, (rgya mts’ô) ; le roi des Nâgas, Anavatapta (Ma-dros-pa, lac célèbre). (Suvarna-prabhâsa, éd. de la Biblioth. de l’Institut, folio 131.)