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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1067

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DU BUDDHISME DANS LE KASHMIR.

est le meilleur séjour pour le dhyâna (l’extase) et le recueillement parfait (hthun-samagra)[1] ; tel a été son oracle sur le pays de Kashmir. Et après le nirvâna complet de Bhagavat, après un laps de cent ans, il existera un bhixu, nommé le Milieu du jour (Ni-ma-i gung, Madhyântika), par lequel on sera, ici[2], établi dans la doctrine. — Telle a été sa prédiction. D’après cela, mon fils, à toi d’affermir ce pays dans la doctrine. — Je le ferai ainsi, » répondit-il.

Ensuite l’âyushmat Ananda commença à manifester toutes sortes de transformations surnaturelles. Or, un habitant du pays de Magadha[3], pleurant de tendresse, lui cria : « Maître, viens ici. » — Un habitant de Vriji[4] (Spong-byed), pleurant de ten-

  1. Dhyâna, terme bien connu, en tibétain bsam gtan, que je traduis par extase ; je rends par recueillement parfait le mot hthun (unus) en sanscrit samagra (totus). Ce mot semble désigner un esprit ramassé sur lui-même, dont toutes les facultés, toutes les énergies sont concentrées, rassemblées sur un point unique.
  2. Ce mot prouve que le texte sanscrit de ce récit a été arrêté dans le Kashmir ; peut-être la traduction y a-t-elle été faite. Cette circonstance est spécifiée pour quelques ouvrages.
  3. Le Bihar méridional, véritable berceau du buddhisme, et qui avait alors pour capitale Pataliputra et pour roi Ajâtaçatru.
  4. C’est un habitant de Vriji qui demande à posséder le corps d’Ananda, et le don est fait à un habitant de Vaïçâlî. Il s’ensuit que le pays de Vriji représente ici le territoire dont Vaïçâlî est le chef-lieu ; la même particularité se retrouve dans plusieurs textes (Voy. des pèl. buddh. III, 366). Cela vient de ce que le royaume de Vriji a été souvent réuni à celui de Vaïçâlî ; mais, du reste, c’était un État à part ayant sa capitale propre. (Voy. des pèl. buddh. loco citato, et p. 402.) Ses frontières étaient à 500 li, environ 37 lieues, de Vaïçâlî.