Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1068

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
488
DÉCEMBRE 1865.

dresse, l’appela aussi, en disant : « Maître, viens ici. » Telle fut l’invitation que, de chacune des rives du fleuve, deux hommes lui adressèrent. Ayant entendu ces appels et agissant avec sagesse, il partagea son corps vieilli en deux parties.

Puis l’âyushmat Ananda, ayant béni son corps, ayant fait apparaître des transformations merveilleuses de toute espèce, semblable à la vapeur produite par l’eau dans le feu[1], entra dans le nirvâna complet. Une moitié de son corps fut remise aux habitants de Vaïçâlî, l’autre moitié au roi Ajâtaçatru ; ce qui fit dire : « Le prince, la tête de la science, ayant disposé des parties de son corps[2], en a donné une moitié à l’Indra des hommes (au

  1. Je ne veux pas entrer dans la question du nirvâna, qui n’est pas de mon sujet ; mais je dois au lecteur de justifier la traduction de cette phrase qui s’y rapporte. On la retrouve plus loin avec une variante. Ici nous avons : mé la (igni ou in ignem), chhus (aquâ), gtong-va (datum) ou gtor-va (sparsum, oblatum), vjin-du (sicut) : « comme ce qui est donné par l’eau au feu, » c’est-à-dire apparemment, « comme la vapeur d’eau. » L’autre phrase diffère uniquement par le verbe vstab-pa (donner, fournir), synonyme de gtong. Quant à gtor, très-semblable à gtong par la forme des lettres, il ne diffère pas essentiellement par le sens. La pensée paraît donc être « semblable à ce que donne l’eau mise en contact avec le feu. »
  2. Dans ce pada (car toute la phrase est une stance de quatre padas, dont chacun a sept syllabes) le texte est : rang-gi lus-kyi i bchom-ste, « ayant vaincu la montagne (?) de son propre corps. » Cette expression pour dire « ayant dompté son corps avec les efforts les plus pénibles » paraît bien exagérée. Je lis ris (partie) au lieu de ri (montagne), ce qui m’oblige à détourner un peu le sens de bchom (vaincre) et à lui donner celui de « disposer en vainqueur ou en maître souverain. »