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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1069

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DU BUDDHISME DANS LE KASHMIR.

roi), l’autre moitié, il l’a donnée, ce muni[1], à tout un peuple[2]. » — Ensuite les Lichavyi, ayant bâti à Vaïçâlî un chaitya (ou stûpa)[3], y mirent la moitié du corps d’Ananda, et le roi Ajâtaçatru aussi, ayant bâti un chaitya dans la ville de Pataliputra, y mit l’autre moitié.

Ensuite, Madhyântika produisit cette pensée : Mon précepteur m’a donné cet ordre : Introduis la doctrine dans le pays de Kashmir, car Bhagavat a fait cette prédiction : Il y aura un bhixu du nom de Madhyântika (Ni-ma-i-gung « midi ») qui, après avoir vaincu le méchant Nâga Hu-lun-ta[4], introduira la doctrine dans le pays de Kashmir. Eh bien ! je me

  1. Le mot muni se dit en tibétain thub-pa (fort, force) : nous avons thub-pas à l’instrumental, on pourrait traduire : « avec puissance ; » il paraît préférable de traduire par « ce muni. »
  2. Notre texte porte ts’ogs rnams « des troupes. » Ce mot, évidemment opposé à roi (Indra des hommes), justifierait l’opinion de Csoma que Vaïçâlî était un État républicain. Cette ville, où dominaient les Lichavyi, paraît avoir eu une constitution aristocratique ou oligarchique. Cependant, dans le récit de la mort d’Ananda, Hiouen-Thsang parle du roi de Vaïçâlî, qui aurait pris les armes pour disputer au roi de Magadha la personne d’Ananda. Afin d’empêcher une guerre entre les deux rois, Ananda, qui fuyait en bateau sur le Gange, disparut et entra dans le nirvana. Le récit du voyageur chinois diffère notablement du récit tibétain.
  3. Monument de forme généralement pyramidale, renfermant des reliques.
  4. Ce nom sera étudié plus tard. Il est à remarquer que Hulunta n’est point ici désigné comme roi, il est seulement qualifié de méchant. Le texte porte mi srun ; il faut lire mi bsrun, que le dictionnaire tibétain-sanscrit traduit par खल : « Malicieux, méchant, bas, vil. » Schmidt traduit dans son dictionnaire par « homme doux ; » mais le mot mi est à la fois la négation et le substantif homme ; il est évident que, ici, mi bsrun signifie : « qui n’est pas doux. »