Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1070

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
490
DÉCEMBRE 1865.

pénétrerai à fond de l’esprit de la doctrine. C’est ainsi qu’il pensa. L’âyushmat Madhyântika se rendit donc dans le pays de Kashmir et s’assit les jambes croisées : puis Madhyântika fit cette réflexion : Pour triompher de ces Nâgas du pays de Kashmir, je mettrai ces Nâgas dans le trouble, et, par là, je les surmonterai. — Telles furent ses réflexions, puis il resta ainsi, absorbé dans la contemplation (samâdhi), plongé dans le recueillement complet. Ainsi, le pays de Kashmir trembla de six manières : pour lors, les Nâgas troublés soufflèrent avec violence, et, faisant tomber des pluies abondantes et impétueuses, commencèrent à maltraiter le sthavira. Mais le sthavira restait assis plongé dans la contemplation de maitrêya (ou de l’amour, Maitrêya ou Maitrî samâdhi[1]), et les Nâgas ne furent pas capables d’agiter même le bord de son vêtement de religieux. Ensuite, ces Nâgas firent tomber une pluie de flèches ; mais le sthavira les fit arriver en fleurs éclatantes, en lotus, en lotus bleus, en lotus rouges[2], en lotus blancs. Ces Nâgas se mirent alors

  1. En tibétain byams pa ting-ge hdzin. Ting-ge hdzin est la samâdhi ou contemplation. Byams-pa signifie compassion ou compatissant, et correspond à maitrî et à maitrêya. Maitrî est l’amour universel ; Burnouf le traduit par charité : c’est l’amour étendu à tous les êtres. Maitrêya est le nom du Buddha qui doit apparaître quand sera achevée la période assignée à Çâkyamuni.
  2. Je traduis ainsi le mot du texte kun-mu qui n’existe pas, et doit être corrigé en ku-sa-ma (fleur) ou mieux ku-mu-da, qui se rencontre dans des passages semblables, et qui, entre autres significations, a celle de lotus rouge.