Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1072

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
492
DÉCEMBRE 1865.

« Faites-moi don de ce lieu. » — Les Nâgas reprirent : « On ne peut présenter un rocher comme offrande[1]. » — Le sthavira répondit : « Bhagavat a prédit que cette place serait mienne, parce que le pays de Kashmir est un lieu favorable pour le dhyâna et le recueillement parfait. Désormais elle est à moi. » — Les Nâgas repartirent : « Sthavira, Bhagavat l’a-t-il ainsi déclaré ? — Bhagavat l’a ainsi déclaré, » répondit le sthavira. Les Nâgas dirent : « Sthavira, combien d’espace te donnerons-nous en offrande ? — Autant que j’en occupe assis les jambes croisées, répondit le sthavira. — Les Nâgas reprirent : « Révérend, nous te l’offrons. » — Le sthavira s’assit les jambes croisées ; les extrémités des vallées furent déprimées par cette action[2].

Les Nâgas dirent : « Sthavira, à quel nombre

  1. Le texte tibétain est : Dbul-var (à offrir), rdo (une pierre), mi (non) thôgê…… ? Thôgé n’existe pas. Thôg signifie « toit d’une maison, foudre, production (moisson), » tous mots avec lesquels on ne peut faire un sens raisonnable et naturel. Je transpose les voyelles, et je lis thégô pour thég-gô. Thêg signifie : « porter, enlever, voiturer. » L’emploi de ce terme ne paraîtra pas déplacé, si l’on songe que, en général, le mot offrande emporte l’idée d’un meuble. Les Nâgas ne comprennent pas l’oblation d’une chose immobilière. Des offrandes de cette nature se voient cependant plus d’une fois dans le Buddhisme. — En lisant thôg-gô, on pourrait traduire : un rocher n’est pas une offrande relevée, ou bien n’est pas une offrande productive.
  2. Lang-pa dgu-hi mdo skyil-mô krung-gis-nôn-pa. «Vallium novem os τῷ cruribus junctis sedere depressum fuit. — Je considère dgu, le nombre neuf, comme un simple signe du pluriel (ce qui n’est pas rare en tibétain), et je vois dans cette phrase cette idée que les eaux (dont les Nâgas sont l’emblème), renfermées jusqu’alors entre les montagnes, trouvèrent une issue par la dépression dont il s’agit. C’est le seul indice que nous ayons de l’inondation et du desséchement