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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1073

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DU BUDDHISME DANS LE KASHMIR.

d’hommes s’élève l’assemblée de tes disciples ? » — Le sthavira se dit en lui-même : combien de disciples rassemblerai-je ? — Et aussitôt le sthavira pensa : Ce sera cinq cents arhats ; et il dit aux Nâgas : « Elle s’élève au chiffre de cinq cents arhats. — Qu’il en soit ainsi, répondirent les Nâgas. — Quand bien même il s’en faudrait d’un seul arhat[1], reprit Maudhyântika, je ravirai en ce temps-là le pays de Kashmir. »

« Puis le sthavira Madhyântika dit aux Nâgas du

    de la vallée de Kashmir, si clairement énoncés dans les autres textes allégués ; mais combien il est encore faible et obscur ! Le Kandjur n’entre dans aucun détail qui ait trait aux choses naturelles, il est tout entier à la fantasmagorie bouddhique. Dans l’ouvrage de M. Schiefner (Eine Lebensbeschreibung, u.s.w. p. 79), ce fait est ainsi exprimé : « Umfasste er so sitzend die Ausgänge von 9 Thälern, worauf ihm die Nâga’s das Land einraümten » (en s’asseyant ainsi, il embrassa les issues de neuf vallées, ce qui fit que les Nâgas lui cédèrent la place). Cette phrase répond assez bien au récit de Hiouen-Thsang. Nôn-pa devrait alors être traduit par : « embrasser, couvrir, soumettre. » Mais il serait nécessaire aussi de connaître le texte dont M. Schiefner a fait usage : il paraît identique au nôtre en cet endroit.

  1. Je ne crois pas qu’on puisse traduire cette phrase autrement, et cependant elle n’a guère de sens. Qu’importe qu’il manque un arhat sur cinq cents ? Et à quoi se rapporte l’expression en ce temps-là ? On est tenté de croire à une lacune que la forme extérieure du texte n’indique d’ailleurs en aucune manière. Mais la mention des interlocuteurs, énoncée constamment, fait ici défaut ; le premier membre de phrase est peut-être mis dans la bouche des Nâgas, le deuxième l’est certainement dans celle de Madhyântika : cependant rien n’indique qu’il prend la parole : et même, d’après la construction de la phrase, le tout se trouverait attribué aux Nâgas ; l’évidence du sens oblige seule à faire intervenir Madhyântika comme le personnage qui parle. Le mot tibétain dbrôg répond au français ravir dans sa double acception.