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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1074

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DÉCEMBRE 1865.

pays de Kashmir : « Voilà une affaire réglée ; mais ce n’est pas assez : là où demeurent des gens qui donnent, là seulement il peut exister des gens qui reçoivent[1] ; en conséquence, je veux aussi établir ici des maîtres de maison. — Qu’il en soit ainsi. » répondirent les Nâgas. — Incontinent, le sthavira se mit à créer lui-même des villages, des villes, des provinces, et il y installa des sociétés d’hommes. Ceux-ci dirent : « Sthavira, comment nous accroîtrons-nous ? — Aussitôt le sthavira, emmenant avec lui des multitudes d’hommes, se rendit sur la montagne de Gandhamâdana[2] (la montagne des parfums) et dit : Que le safran apparaisse ! — Aussitôt les Nâgas du mont Gandhamâdana se soulevèrent ; mais le sthavira les dompta également ; ils dirent alors : « Combien de temps doit durer l’enseignement de Bhagavat ? — Mille ans[3], » répondit

  1. Mot à mot en latin : « Re ita sese habente (ou rebus ita comparatis), attamen, quia, ubi donantes versantur, ibi sunt capientes. »
  2. En tibétain : Spos. kyi ngad. ldung ; mais ce nom a diverses autres formes qui se rapprochent plus ou moins de celle-ci, et dont l’analyse, assez difficile, serait trop longue. Du reste il s’agit bien de la montagne des Parfums. On est étonné d’y trouver des Nâgas, ou serpents d’eau ; peut-être ces Nâgas hantent-ils les nuages qui entourent le sommet de la montagne. Le mot nâga désigne aussi l’éléphant, et cette double acception a été la cause de plus d’une confusion. On serait tenté d’en soupçonner une, si la montagne fabuleuse de Gandhamâdana n’occupait une position septentrionale peu favorable à la propagation des éléphants. Le Mahâbhârata y place toutes sortes d’êtres.
  3. C’est un des termes assignés à la période de Çâkyamuni ; mais il y en a d’autres, en particulier celui de cinq mille ans, qui paraît plus généralement adopté.