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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1081

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DU BUDDHISME DANS LE KASHMIR.

ger par l’analyse de M. Wassilief ; mais le nom de Hulunta se retrouve dans l’ouvrage de M. Schiefner. Il est à remarquer que la chronique kashmirienne Râjataranginî ne connaît ni Aravâlô, ni Hulunta. Ce n’est pas qu’elle ignore les Nâgas ; bien au contraire, elle les présente comme les amis et les protecteurs du pays, des divinités, dont les rois de Kashmir, religieux et libérateurs, ont protégé le culte ou vaincu les ennemis. Mais elle donne au grand chef de ces Nâgas le nom de Nîla (le bleu)[1] ; il semble avoir été confondu avec Çiva. La même chronique cite deux autres chefs de Nâgas, Çankha et Padma[2]. Ainsi il n’y a pas d’accord sur les noms entre les buddhistes et les brahmanes, bien que les uns et les autres assignent aux Nâgas un rôle important.

Les Nâgas ou serpents d’eau sont, en effet, représentés dans les documents brahmaniques et buddhiques comme les habitants primitifs du Kashmir. Il importe peu de rechercher ici si ce nom désigne un peuple, les premiers habitants du pays, ou s’il figure d’une manière allégorique les eaux qui l’auraient couvert entièrement et l’auraient rendu inhabitable dans des temps sans doute fort éloignés. Il paraît démontré que la vallée de Kashmir fut jadis un lac, et que les alluvions de la Vitastâ (le Jilun), aidées sans doute par l’industrie des hommes, y ont créé peu à peu un sol habitable. Quoi qu’il en soit, et quelque sens particulier qu’on doive attacher au mot

  1. Râjataranginî, I, çl. 28. (Éd.Troyer.)
  2. Râjataranginî, I, çl. 30.