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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1082

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DÉCEMBRE 1865.

Nâga, le récit du Kandjur nous présente bien clairement le Kashmir comme peuple, ou tout au moins civilisé par les buddhistes. Avant l’arrivée de Madhyântika le pays était entièrement désert, sans habitants, sans villes, sans culture, occupé tout entier par les eaux (c’est-à-dire par les Nâgas) ; ou, si l’on veut considérer les Nâgas comme une race d’hommes, c’était une population tellement sauvage et grossière qu’on a pu aisément la confondre avec des reptiles aquatiques. Hiouen-Thsang, qui séjourna deux ans dans le pays et eut tout le loisir d’y recueillir les traditions, cite une description du Kashmir d’origine évidemment buddhique, qui dépeint d’une manière plus positive encore que ne fait le Kandjur cette contrée comme entièrement submergée. Il y est dit, en effet, « que le pays était primitivement un étang de dragons. Madhyântika, s’y étant rendu, obtint du roi des dragons un petit espace au milieu du lac ; à peine eut-il occupé cet espace restreint qu’il agrandit démesurément son corps. À mesure que le nouveau venu prenait des dimensions plus vastes, le roi des Nâgas resserrait ses eaux, si bien que, à la fin, l’étang se trouva entièrement à sec. Le roi des Nâgas fut donc réduit à demander à Madhyântika la faveur d’un peu d’eau, et le religieux consentit à lui accorder pour lui et ses sujets un petit étang de 100 li de tour, environ 7 lieues. Depuis ce temps, les Nâgas furent attachés au buddhisme et très-respectueux envers les religieux[1]. » Târânâtha dit pareillement

  1. Hiouen-Thsang, I, 108. (Trad. de M. Stanislas Julien.)