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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1084

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DÉCEMBRE 1865.

Madhyântika et à la révolution opérée par lui l’origine même du royaume de Kashmir. Târânâtha est peut-être plus explicite encore ; il raconte que, à la place des Nâgas expulsés, Madhyântika fit venir cinq cents religieux de sa suite, plus des brahmanes, des maîtres de maison de Bénarès, qu’il constitua ainsi une colonie, grossie depuis par les émigrations nouvelles parties des pays voisins, qu’il bâtit neuf villes, douze temples, nombre de villages, et prépara ainsi la richesse du pays par la culture du safran qu’il y introduisit et le vaste commerce dont cette culture fut la cause. Hiouen-Thsang, en effet, parmi les productions du Kashmir, cite les chevaux de la race des dragons, et le kurkuma, nom sanscrit du safran[1].

Les buddhistes, au moins ceux du Nord, ont donc la prétention d’avoir non-seulement converti, non-seulement civilisé, mais même peuplé et conquis sur une nature sauvage le pays de Kashmir. Est-il possible de leur faire cette concession ? Les brahmanes, eux aussi, revendiquent cette gloire ; ils la rattachent au nom de Kaçyapa, qui est appelé le fils de Marîchi, le petit-fils de Brahmâ, le Prajâpati, l’auteur de toutes les créatures, et par là ils reculent le dessèchement de la vallée de Kashmir jusque dans les temps antéhistoriques. Ils disent

  1. M. Stanislas Julien dit dans sa traduction : « le kurkuma (yô-kin-biang). » Le texte tibétain donne pour le nom de la plante གུར་གུམ​ (gurgum) ou peut-être mieux གུང་གུམ​ (guṅgum) suivi du signe du pluriel ; le mot sanscrit est कुङ्कुम (kuṅkuma).