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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1105

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DU BUDDHISME DANS LE KASHMIR.

Selon le Mahâvanso, les Mahâsanghikas furent la minorité condamnée par le concile, minorité imposante puisqu’elle est représentée par ce chiffre respectable de dix-mille bhikkus[1], bien suffisant pour lui mériter le titre de grande assemblée, mais enfin, minorité vaincue, condamnée, excommuniée par le concile : car c’est au sein même du concile que le schisme se produit d’après les buddhistes du Sud. Ceux du Nord au contraire paraissent séparer la formation du schisme des opérations du concile, et surtout ils font des Mahâsanghikas une majorité victorieuse qui aurait, par son vote, maintenu l’ancien état de choses, tandis que la minorité, composée des plus âgés ou des plus dignes, aurait tenu ferme pour le progrès, préférant l’exil à l’abandon de la cause qu’elle soutenait[2]. Les buddhistes du Nord et ceux du Sud sont donc en désaccord complet au sujet des Mahâsanghikas : les premiers voient en eux une majorité conservatrice, les seconds une minorité factieuse et pervertie. Quant aux adversaires des Mahâsanghikas, les buddhistes du Nord en font, sous le nom de Sthaviras, une secte particulière qui représente le mouvement au sein du buddhisme ; les buddhistes du Sud ne leur donnent aucun nom, chose assez naturelle puisque la majorité, attachée aux mêmes

  1. Mahâvanso, ch. vi. 53 ; ch. v. 3.
  2. Wassilief, p. 55 et 224-225. Cependant certains indices, entre autres l’assertion que les Sthaviras étaient les Arhats les plus respectables, donneraient lieu de croire que les novateurs étaient les Mahâsanghikas, tandis que les Sthaviras auraient tenu pour le maintien de la tradition.