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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1107

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DU BUDDHISME DANS LE KASHMIR.

Cependant les Tibétains traduisent le mot sthavira par le composé gnas-brtan, qui, au premier abord, n’y correspond nullement. Ce composé tibétain a, dans les dictionnaires, le sens de vicaire, lieutenant, remplaçant, successeur. Il semble alors que le sthavira soit le lieutenant de Çâkyamuni et corresponde dans le buddhisme à ce qu’est le khalife dans l’islamisme, le pape dans l’Église catholique romaine. Mais alors le nombre des sthaviras est bien considérable pour que leur titre exprime une pareille idée ; et si tel est le sens du mot sthavira, ou plutôt de gnas-brtan, il faut lui donner la plus grande extension possible, et considérer comme vicaire du Buddha tout docteur capable de reproduire ses enseignements : ainsi entendu, le mot gnas-brtan répond parfaitement à l’acception que les textes nous obligent à donner au mot sthavira.

Cependant les livres buddhiques, ceux du Nord surtout, nous présentent une succession de personnages chargés, directement, officiellement, d’enseigner la doctrine et de présider la communauté. Notre texte nous donne cette liste jusqu’à Kâla[1]. Il semble que le terme sthavira ou plutôt son équivalent tibétain gnas-brtan devrait être appliqué spécialement et exclusivement à ces personnages, car ils sont investis d’un véritable vicariat ; cependant il s’en faut bien que ce titre leur soit particulièrement applicable, et nous voyons dans notre

  1. Elle comprend les noms de Mahâkaçyapa, Ananda (Madhyântika), Çânavâsika (ou Yaça), Upagupta, Dhîtika, Kâla.