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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1134

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DÉCEMBRE 1865.

cription fournissent-ils du moins quelque lumière sur le siècle où elle fut tracée, et par conséquent sur l’époque où vécut la reine en question ? Ici on peut s’exprimer avec plus d’assurance. Faisons complète abstraction des considérations archéologiques tirées du style du monument dit « Tombeau des rois, » et du sarcophage rapporté par M. de Saulcy. J’ose dire que si l’inscription qu’il a découverte se trouvait sur une pierre isolée, égarée hors de sa place au milieu de débris épars, d’abord il n’y aurait aucun doute sur ce point qu’elle est postérieure à la captivité de Babylone ; en second lieu, on en fixerait la date par approximation vers l’époque du commencement de notre ère.

J’établis d’abord le premier point :

1° Bien que l’usage du caractère carré soit plus ancien chez les Juifs qu’on ne le croyait autrefois, il est absolument impossible de le faire remonter au delà de la captivité. Cet alphabet est d’origine araméenne, comme le prouve son évidente similitude avec l’alphabet palmyrénien. Il n’a pu être employé par le peuple juif que quand celui-ci se trouva en contact avec les Araméens. Le nom même que porte le caractère carré, כתב אשורית « écriture assyrienne, » est à cet égard une démonstration presque suffisante. Personne, depuis Louis Cappel, n’a douté que jusqu’à la captivité les livres hébreux ne fussent écrits dans le caractère, analogue au phénicien, que les Samaritains ont conservé et qui se trouve sur les monnaies juives des Asmonéens[1]. En supposant même, contre toute vraisemblance, que l’alphabet carré fût employé avant la captivité, comment admettre qu’on y pratiquât les ligatures et les séparations de mots dont notre inscription offre de si curieux exemples. Les ligatures sont un fait relativement moderne. L’écriture phénicienne, même la plus moderne, n’en offre pas de trace. L’écriture araméenne n’en offre pas non plus dans ses monuments les plus anciens.

2° La langue de la seconde inscription ne constitue pas

  1. Voir Gesenius, Gesch. der hebr. Sprache und Schrift., § 41.