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DOGMATIQUE BOUDDHIQUE.

dirons rien qui soit nouveau[1] ». Le troublant conflit du dogme du karman et du dogme du nairâtmya a été dénoncé à plusieurs reprises. Comment concilier la fécondité de l’acte, telle que l’entendent les bouddhistes, et l’inexistence de tout moi permanent ? M. Kern a consacré à ce problème deux pages magistrales : nous aurons au moins le mérite de les signaler à l’attention du lecteur[2] ; c’est un mérite, car des publications récentes et d’une haute valeur prouvent qu’elles ont été négligées.


I

§ 1. S’il est, sur l’enseignement du Maître, sur le but qu’il poursuit, sur le mode d’exposition qu’il emploie, une hypothèse féconde, — c’est sans doute aucun l’hypothèse dont M. Rhys Davids est le plus éloquent et le plus avisé défenseur ; il lui a donné un tour particulier, il l’a soutenue par des recherches suivies et ingénieuses ; on peut dire qu’elle est sienne[3]. Essayons de la résumer.

De nombreux textes, sans parler de la direction générale qu’a suivie l’Ecole, permettent de croire que

  1. na ca kiṁ cid apūrvam atra vācyaṁ na ca saṁgrantbanakau çalaṁ mamasti.
  2. Manual, p. 49-50 ; ci-dessous, p. 259.
  3. M. H. Oldenberg et d’autres savants pourraient peut-être la revendiquer. Voir notamment dans Bouddha, sa vie, sa doctrine et sa communauté (traduction Foucher, p. 207, 279), le parti que tire M. Oldenberg de la parabole des feuilles de siṁsapā (Saṁyutta, V 437 = lvi, 31) et du Cūla-māluṅkya-ovāda (Majjhima, I, 426) Bouddha ne se préoccupe que du monde visible.