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DOGMATIQUE BOUDDHIQUE.

ce bonheur est l’apaisement, de l’arhat[1] qu’on appelle saṁbodhi[2] : tous ne peuvent prétendre à cette parfaite félicité, mais la robe de moine, le refuge dans le Bouddha aimable et ingénieux, dans la loi complaisante et dans la communauté fraternelle portent néanmoins des fruits savoureux. — Le roi Ajātaçatru ne se préoccupe que d’une chose, du sandiṭṭhika sāmaññaphala : « quel est, ici-bas, le fruit de la vie religieuse ?[3] » En vain a-t-il questionné tous les chefs d’institut, tous les sages : Purāṇa Kassapa répond que les actions ne sont ni bonnes ni mauvaises, qu’il n’y a ni mérite ni démérite ; Makkhali[4] ajoute que toute douleur et toute joie sont réglées par le destin : il admet la transmigration, mais affirme qu’il n’appartient pas à l’homme d’en modifier les détours ; Vjita croit que tout périt à la mort, Sañjaya reste sur ce point dans l’indécision ; le philosophe nigaṇṭha est partisan d’une austérité extrême et mal comprise. Aucun ne satisfait le roi : car le premier nie l’utilité actuelle de la vie religieuse ; le second nie l’efficacité de tout acte ; Ajita et Sañjaya, le nihiliste et le sceptique, ne se préoccupent que de la vie à venir, — comme si la religion, le dharma, n’était pas utile ici-bas ! Nigaṇṭha propose un système plus

  1. arhan paramārthamuniḥ. (Minayeff, p. 91, note).
  2. Voir Childers, s. voc. nibbāna ; et Rhys Davids, passim.
  3. Dīgha, ii (vol. I, p. 47) ; voir notamment Burnouf, Lotus, p. 449 et Rhys Davids, Dialogues of the Buddha.
  4. En sanscrit Maskarin (Burnouf, Intr., 162) : « anye tīrthyā maskariprabhṛtayaḥ… māyāvī gautama iti. » (Abhidh. k. v., Soc. As., fol. 210a 5).