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DOGMATIQUE BOUDDHIQUE.

l’au-delà^^1 ; sa loi, à la fois sociale et individuelle, ne réclame d’autre sanction que la sanction présente, qu’elle soit d’ordre moral ou matériel. Les quatre vérités se ramènent à cette conception, à coup sūr simpliste — dans l’Inde surtout — de la vie ; et le Suttanipāta^^2 nous a conservé le canevas d’une sorte de pratītyasamutpāda rudimentaire, d’où sont absents les termes bhava et jāti, et qui n’est autre chose qu’une variation sur la thèse du duḥkhasamudaya. La douleur est inséparable de la fragilité de toutes choses ; le désir et la jouissance l’aggravent. Être toujours conscient de soi, éviter toute méprise, supprimer le désir pour supprimer la douleur, se consoler de la mort des siens puisqu’on n’y peut rien^^3. De nombreuses observations justifient et précisent l’hypothèse qui fait du Bouddha le prédicateur positiviste d’une Upaniṣad nouvelle, le consolateur des moines et des princes déçus par les philosophies ambitieuses : cette hypothèse est notamment confirmée par la définition que M. Rhys Davids a donnée de la sambodhi et du nirvāṇa.

1 Voir notamment Majjh. 1,8, qui doit être comparé au Viçuddhimagga, xix (trad. par Warren, Buddhism, p. 243) et à la Madh. vṛtti, chap. xxvii, dṛṣṭiparīkṣā. — Tendance nettement opposée, Aṅg. N. IV, p. 82.

2 iii, 12, Dvayatānupassanāsutta (Fausböll, Traduction2, p. 129). Les quatre vérités sont ramenées à deux. Les causes de la douleur sont avijjā, saṁkhāras, viññaṇa, phassa, vedanā, taṅhā, upādāna, ārambbas, āhāras, iñjitas.

1 Suttanipāta, iii, 8 (Sallasutta). — Sur l’utilité des dons faits pour le bénéfice des morts, Minayeff, Recherches, p. 171 ; Kathāv., VII. 6 ; Milinda, 294.