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SEPTEMBRE-OCTOBRE 1902.

§ 2. Le saint, en effet, meurt tout entier d’après les Piṭakas : ce dogme ne rencontre pas de contradiction. On peut, sans effort violent, comprendre dans le sens d’une négation catégorique, en même temps que voilée, la célèbre question réservée : le Tathāgata existe-t-il après la mort ? Sañjaya, hérétique rival du Maître, déclare qu’il n’en sait rien[1] ; le Bouddha, qui sait toute chose, répond comme il sied : « Le Tathāgata existe après la mort, le Tathāgata n’existe pas après la mort, le Tathāgata existe et n’existe pas après la mort, il est faux que le Tathāgata existe et n’existe pas après la mort : ces quatre vues sont erronées. »

Cette forme compliquée de négation — quelle que soit d’ailleurs sa signification première — a fait fortune dans l’école Mādhyamika : elle constitue l’essentiel du raisonnement dit prasaṅga. On ne peut, de la fille d’une femme stérile, affirmer ou nier quoi que ce soit, de même pour la fleur du ciel (khapuṣpa) ; de même pour tout ce qui n’existe pas. Or il est entendu, dans l’école dont nous parlons, qur le Tathāgata n’a jamais existé, pas plus que Nāgasena ou le chariot du roi Milinda.

Je ne sais s’il faut interpréter de la sorte tous les sûtras relatifs aux sthāpanīyas vastus ; d’autres solutions ont été proposées, très judicieuses et vraies du moins partiellement : le silence de Bhagavat procède de motifs divers et doit être à l’occasion diversement

  1. Dīgha, ii, 31 ; i, 27.