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DOGMATIQUE BOUDDHIQUE.

expliqué. Quoi qu’il en soit, et encore qu’on ne puisse en définir la genèse, ce célèbre et mystérieux « dharmaparyāya » laisse intact le dogme officiel de l’anéantissement de l’arhat[1].

  1. Je ne puis me rallier à l’opinion de M. H. Oldenberg — malgré les suffrages précieux qu’elle a recueillis : « Le résultat de ces recherches [sur le nirvāṇa] est d’ailleurs assez singulier : des deux alternatives qui formaient, semble-t-il, un véritable dilemme, à savoir que dans l’ancienne Communauté le Nirvāṇa devait être conçu soit comme le néant, soit comme la béatitude suprême, il s’est trouvé que ni l’une ni l’autre n’avait tout à fait raison (trad. Foucher, p. 274, 5) »… « Ainsi se fixa sur ce point la doctrine officielle de l’Église ; à la question de savoir si le Moi existe, si le Parfait vit ou ne vit pas après la mort, elle avait cette réponse prête : le sublime Bouddha n’a rien enseigné à ce sujet » (p. 278, in fine).

    Le problème ne me paraît pas bien posé : si par ancienne communauté il faut entendre la communauté primitive, nous sommes bien mal renseignés sur sa doctrine ; — et l’examen des Piṭakas nous fait connaître plusieurs systèmes dont un seul peut prétendre à être officiel, le système de l’anéantissement.

    A. M. Oldenberg a trop bien établi les fondements logiques et scripturaux de la thèse du néant pour qu’il soit utile d’insister.

    B. — Le dialogue du Bouddha avec Māluṅkyāputta (Majjh., I, 426, Oldenberg, p. 279 — Milinda, 144) illustre l’opinion des esprits prudents : « Pour quelle raison Bouddha n’a-t-il pas enseigné si le saint continue ou non à vivre au delà de la mort ? parce que cela ne sert pas à la paix et à l’illumination. » N’examinons pas si ce point de vue fut celui du Bouddha — la chose est très possible — mais à considérer qu’il contredit le système philosophique de l’agrégation des skandhas et du vijñânanirodha, peut-on le regarder comme « officiel », et comme le fond de « la doctrine prescrite par l’Église et docilement acceptée par le fidèle » ?

    « Cette solution… n’a pas besoin d’interprétation et ne supporte pas de travestissement. » Sans doute, mais en l’acceptant telle qu’elle se présente, ne peut-on pas supposer que le Bouddha fait preuve ici de son « habileté dans les moyens », et qu’il se refuse à décourager les uns et à scandaliser les autres ? C’est l’enseignement approprié aux