Page:Journal asiatique, série 9, tome 20.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
246
SEPTEMBRE-OCTOBRE 1902.

§ 3. Mais il est un problème plus inquiétant : les moines et les hommes ordinaires meurent-ils tout entiers ? la doctrine des Piṭakas est formelle : on ne se trompera pas en affirmant, sinon la transmigra-

    besoins des créatures « deçanā… sattvāçayavaçānugā » : ce n’est pas le paramārtha, la vérité vraie. (Voir ci-dessous, p. 262.)

    C. — L’entretien de Khemā et de Pasenadi (Saṁ. N., IV, 374 = Oldenberg, 281) forme le premier paragraphe de l’Avyākata. Mon impression est très différente de celle de M. Oldenberg. Ce savant historien conclut : « Nous ne pouvons guère nous tromper en croyant remarquer que dans ce dialogue la pensée dévie de la ligne rigoureuse dont ne s’écarte pas l’entretien… entre le Bouddha et Mālunkyāputta. À la vérité… la question de l’éternelle subsistance du Parfait ne reçoit pas de réponse : mais pourquoi ? C’est que l’existence du Parfait est, comme la mer, insondable à force d’être profonde : la pensée des terrestres humains n’a pas à sa disposition de définitions capables d’épuiser une telle profondeur Tel est le motif qu’on allègue pour récuser la question de l’immortalité du Parfait : mais donner un pareil motif, n’est-ce pas par cela même répondre et répondre par un oui ?… »

    Pour moi, comme pour M. Oldenberg, ce dialogue s’écarte en effet de la doctrine agnostique du Mālunkya ; mais c’est pour répondre négativement à la question de la survivance. — Nous connaissons, hélas ! ce qu’il faut entendre par la profondeur insondable de l’existence de ce qui n’existe pas. Si je ne me trompe, c’est la profondeur de la Prajñāpāramitā, paramagambhīrā, qui est, je le veux bien, la suprême réalité : çūnyam = tattvam, rūpam = arūpam… Qu’on puisse identifier au Brahman innommé le Tathâgata dépouillé de la forme, de la sensation, etc., soit ; — mais nous sommes ici sur le terrain de la vérité relative : seuls les skandhas existent, ne l’oublions pas.

    Or tous les skandhas sont, dit notre texte, « pahīnā ucchinnamūlā tālāvatthukatā… āyatim anuppādadhammā. » Aussi bien est-il à peine exact de dire que le Bouddha réserve la question ; il dit très clairement : hoti tathāgato parammaranā ti pi na upeti ; na hoti…, na upeti ; hoti ca na hoti… ; neva hoti na na hoti…, na upeti » c’est-à-dire : il n’y a aucun rapport possible entre l’existence et