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NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1902.

gences relève de l’histoire de l’arménien du moyen âge et de l’arménien moderne.

Sur le lieu et le temps où cette langue a été fixée, il s’exprime avec une extrême réserve ; il indique simplement que l’arménien classique doit reposer sur les parlers de la région de Van plutôt que sur ceux de l’Ararat, et que la tradition arménienne en attribue la fixation au ve siècle après J.-C. Omission caractéristique : le nom de Mesrob n’est pas mentionné.

Les doctrines exposées par M. Meillet s’accordent exactement avec celles sur lesquelles repose le dictionnaire étymologique qui forme le premier volume (le seul paru jusqu’ici) de l’Armenische Grammatik de M. Hübschmann, ou du moins n’en diffèrent que par des détails. M. Hübschmann a démontré, on le sait, que l’arménien est un rameau de la famille indo-européenne parfaitement indépendant de tous les autres et notamment du rameau iranien. C’est ce qui fait qu’il est légitime et nécessaire d’écrire pour l’arménien une grammaire comparée particulière.

Des deux objets que M. Meillet s’est proposés, éclairer les arménisants sur le passé de la langue arménienne et orienter les linguistes sur cette langue, le second est évidemment celui qui a le plus préoccupé l’auteur. Son principal souci est de mettre les comparatistes à même d’utiliser l’arménien et il néglige volontiers les faits qui ne lui semblent pas se prêter à être employés par la grammaire comparée ou qui n’ont pas d’intérêt à ce point de vue particulier. Il omet, par exemple, de signaler la chute de ր dans պաշաեղ en regard de անբարիշա ; il ne signale pas l’impératif en - ց de la conjugaison des verbes en - ի -, ainsi սրբեաց, « sois purifié » (Marc, 1, 41), ou des génitifs pluriels comme մոցուն. L’ouvrage est d’ailleurs d’une lecture difficile pour les personnes qui ne possèdent pas une certaine connaissance de la grammaire comparée des langues indo-européennes.

Néanmoins, même les personnes qui voudront se borner à étudier l’arménien en lui-même ne pourront ignorer cette