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LE CHADDANTA-JÂTAKA.

un de ses parents ; mais les plus avisés comprirent que c’était celui-là même qui leur avait parlé. Ils firent ce qu’il leur avait recommandé, se nourrirent de sa chair, puisèrent de l’eau avec ses viscères et furent ainsi sauvés. Cet éléphant sauveur n’était autre que le Bodhisattva pratiquant au plus haut degré la première des Pâramitâs — Dâna « le don », le sacrifice.

2. — KAKKAṬA, 267e Jâtaka pâli.

Un crabe colossal en or molestait les éléphants qui venaient se baigner dans son lac. Le Bodhisattva, ému de pitié envers le troupeau qui dépérissait, résolut, pour le sauver, de naître d’une des femelles qui en faisaient partie ; puis, quand il fut uni à une autre de ces femelles, il s’informa du moment où le crabe attaquait les éléphants. Ayant appris que c’était à la sortie de l’eau, il ordonna à tous les éléphants de sortir d’abord, lui restant le dernier. On fait ce qu’il a prescrit. Le crabe le saisit par un pied avec ses pinces. Se sentant entraîné, il pousse un cri ; les éléphants fuient épouvantés. Sa femelle, qui était auprès de lui, veut fuir également. Mais il la retient, et elle s’adresse au crabe, le priant de laisser aller son époux. Le crabe, entendant une voix féminine, lâche prise et l’éléphant, dont le pied était redevenu libre, en profite pour lui monter sur le dos et briser sa carapace : le troupeau était délivré. Le Bodhisattva avait échappé à la mort ; mais il avait généreusement risqué sa vie.