Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
JANVIER-FÉVRIER 1895.

Ce Jâtaka 267 n’est pas aussi éloigné du 514 qu’on le pourrait croire ; car il a, comme on le verra plus loin, beaucoup d’analogie avec un récit qui est une véritable variante de ce même Jâtaka 514.

3. Dummedha, 122e Jâtaka pâli.

Un roi de Magadha avait un Maṅgalahatthî (éléphant de bénédiction, de cérémonie, de gala) tout blanc et admirable, si bien que lorsque le roi paraissait dans la ville de Râjagṛha, installé sur le dos de son éléphant, la foule se récriait sur la beauté de l’animal, le déclarant digne d’un roi Cakravartin. Cela revenait à dire que la monture était trop belle pour celui qu’elle portait ; du moins, le roi le comprit ainsi et devint jaloux de son éléphant au point de vouloir le faire périr. Il ordonna donc au cornac de monter sur la bête et de la conduire au sommet du mont Vepulla. Là, il demanda que l’éléphant se tînt successivement sur trois pieds, sur les deux pieds de devant, sur les deux de derrière, puis sur un seul. Il espérait que, dans l’un de ces exercices, le Maṅgalahattî tomberait ; mais « l’éléphant de bénédiction » justifia son nom ; il sortit victorieux de toutes ces épreuves. Enfin le roi demanda qu’il se tînt en l’air ; ce nouveau tour de force fut exécuté. Alors le cornac, lui ayant dit à l’oreille de le conduire à Bénarès, adressa au roi une admonition sévère, puis s’enfuit, à travers les airs, sur le dos de son éléphant, jusqu’au palais du roi de Bénarès, où