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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

ministère et l’Assemblée sont sur le point de se quereller, afin de déterminer lequel des deux est responsable de la misérable situation où se trouve réduite la France. Il y a ce soir la société habituelle chez Mme de Chastellux. La duchesse me dit de venir dîner chez elle. Je lui dis que je suis toujours à ses ordres pour le jour qu’il lui plaira. Elle me dit de venir quand je voudrai. Je le promets. Après le départ des autres, le chevalier de Foissy et moi restons avec Mme de Chastellux pour bavarder un peu. Elle dit qu’elle fera son don patriotique en me présentant au roi comme ministre. Je ris de la plaisanterie, d’autant plus qu’elle concorde avec une observation faite par Canteleu sur le même sujet ; je l’avais considérée comme frisant le persiflage et j’y avais répondu comme il le fallait.


25 octobre. — Passé la soirée au salon de Mme Necker. M. Necker est très occupé et je ne puis lui parler. Pour la première fois depuis mon arrivée en Europe, je rencontre le comte de Fersen, dont tout le mérite consiste à être l’amant de la reine. Il a l’air d’un homme épuisé.


27 octobre. — Je vais dîner chez M. Necker. M. de Staël est très poli et rempli d’attentions. Après le dîner nous nous retirons dans le cabinet du ministre. Canteleu et moi commençons la conversation. Je dis à M. Necker, au sujet de la dette américaine, que les conditions auxquelles il semble s’arrêter sont si différentes de ce que j’avais pensé, que nous ne pouvons rien faire de définitif, et que, par conséquent, après en être convenus, il faudra que j’aie le temps de consulter certaines personnes à Londres et à Amsterdam, qu’il est le meilleur juge de la somme au-dessous de laquelle il ne peut descendre ; que je n’essayerai pas de lui en faire offrir une moindre que ce qu’il pense pouvoir justifier, mais que, si elle est trop élevée, je me récuse ; qu’après avoir fixé la somme nous