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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

fixerons les échéances, et qu’enfin il devra se trouver engagé tandis que je serai libre ; qu’il est nécessaire de garder le secret des pourparlers, parce que, soit que nous traitions ou non, si mon nom est mentionné, cela détruira l’influence de mes amis en Amérique, qui ont été et continueront à être fermes partisans de la justice pour tous ; de plus, si l’on sait en Amérique que la France consent à transiger, ce sera un motif pour beaucoup de demander des diminutions aux États-Unis. Il sent la justesse de ces remarques, et désire examiner jusqu’à quel point M. de Montmorin et lui peuvent traiter cette affaire en dehors de l’Assemblée. Il n’aime pas l’idée qu’il serait engagé, tandis que je serais libre. Je lui fais observer que rien n’est plus naturel. Il est maître de la situation et peut dire oui ou non. Moi, je suis obligé de m’adresser à d’autres, et l’on ne peut s’attendre à ce que de riches banquiers mettent leurs capitaux à ma disposition sur l’issue d’un événement incertain, et encore moins détourner ces capitaux de leurs autres affaires. Il avoue que cette remarque n’est pas sans force. Il parle ensuite de dix millions par an pendant trois ans comme étant une proposition raisonnable. Je lui dis ne pouvoir accepter une telle somme. Il répond qu’on lui en a parlé, et qu’il peut l’escompter en Hollande à 20 pour cent. Je réponds que j’en doute, parce que, ayant été en correspondance avec deux maisons de premier ordre en Hollande au sujet d’un emprunt que je suis autorisé à faire, elles m’informent toutes deux que les divers emprunts actuellement sur le marché pour diverses puissances, et la rareté de l’argent, rendent la réussite impossible. De Canteleu me presse de faire des offres. Je parle de 300,000 francs par mois à partir de janvier prochain, jusqu’à ce que les 24 millions de francs soient payés. Ici finit cette partie de la conversation. Il doit en conférer avec de Montmorin. Il m’interroge ensuite sur l’exportation du blé et de la farine d’Amérique en cette saison. Je réplique que je ne