Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
197
JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

à Paris. Je quitte un peu après neuf heures et vais au Louvre. J’y trouve l’évêque, naturellement ; une observation que je fais sur les assignats semble produire sur lui une profonde impression ; si je ne m’abuse, il la citera. Sa manière de la saisir montre un esprit judicieux. Mme de Flahaut s’excuse d’être sortie ce matin ; si je lui avais dit que je viendrais, elle serait restée chez elle. Je réplique d’un ton froid que je suis venu en retard pour ne pas interrompre sa conversation avec son nouvel ami. Elle ressent ce sarcasme sanglant. Elle a passé la journée avec son évêque, qui a mal à la jambe — il se l’est foulée. Je la laisse me poser des questions au sujet de la pièce, où je crois qu’elle ne m’a pas vu, et mes réponses sont de nature à lui donner quelque inquiétude.


1er décembre. — Mon courrier me cause beaucoup d’ennui. Je me lève ce matin avant le jour après une nuit blanche occasionnée par les soucis. Je m’assieds pour écrire à la lueur d’une chandelle, et finir toutes mes lettres à temps. Je reçois un mot de Mme de Flahaut, me demandant de venir entre dix et onze heures, car elle doit rendre visite à Mme d’Angivillers à midi et demi. Je la trouve malade et exhalant ses plaintes, mais je ne suis disposé ni à me disputer ni à la consoler. M. de Flahaut me demande deux fois de lui rappeler, à midi et quart, qu’elle doit aller chez sa sœur. Je dis à madame que depuis que je suis ici chaque courrier m’apporte de tristes nouvelles. Elle désire les connaître, mais je réponds que c’est inutile ; j’en parle en termes vagues, pour que ma conduite ne la surprenne pas. À midi, lord Wycombe arrive et s’installe. Je rappelle plusieurs fois à Mme de Flahaut son rendez-vous avec sa sœur, et je la force à s’en aller, ce dont je m’excuse. Je vais ensuite chez Le Couteulx qui est sorti. Sa femme va sortir et est à moitié déshabillée quand j’arrive. Pendant les quelques minutes que je reste, elle me raconte une curieuse anec-