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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

dote du comte de Pilau. Il est devenu dévot à un degré étonnant et avec toute la bigoterie de l’Église romaine ; c’est pourtant un homme que les prêtres ont chassé d’Espagne à cause de sa religion, ou plutôt de son absence de religion ; un homme qui a abandonné une immense fortune pour éviter les cérémonies extérieures. Dieu ! que l’homme est faible, inconséquent et misérable ! Je passe chez Mlle Martin, acheter un pot de rouge pour ma sœur à Londres. Je dis à l’évêque d’Autun aujourd’hui, qu’il devrait, si c’est possible, obtenir l’ambassade de Vienne.


6 décembre. — Sir John Miller vient me voir aujourd’hui, et me parle des poids et mesures. Je dîne au Palais-Royal. Après le dîner, visite à M. de La Fayette. Il est en butte à mille petits ennuis ; aussi j’abrège ma visite. L’accueil de Mme de La Fayette est à la glace. Je retourne au Palais-Royal et conduis Mme de Chastellux au Louvre. Au moment de partir, Mme de Flahaut me prie de la conduire chez Mme de Corny. Je suis très froid avec elle, et elle m’en demande la raison. Je la raille à propos de sa liaison avec monseigneur, qui doit encore avoir la soirée aujourd’hui, n’ayant pas eu l’occasion de l’entretenir ce matin comme il le désirait. Elle me rend un cadeau que je lui avais fait, et je lui dis que je n’accepterai rien que son portrait, actuellement en possession de son évêque, mais que je veux l’avoir. Je lui dis encore qu’elle m’oubliera quand je serai parti. Elle le sait depuis longtemps. J’ajoute que l’accueil qu’elle m’a fait, la dernière fois que je suis allé chez elle, a été tel, que je ne lui aurais pas imposé ma visite si Mme de Chastellux ne m’avait pas demandé de l’accompagner. Revenu au Louvre, je la fais descendre, et j’allais me retirer, mais elle insiste pour que je monte. Arrivé chez elle, je prends congé, mais elle me décide à rester encore un peu. Son orgueil la fait parler haut. Puis elle est, ou du moins se prétend, souffrante. Son mari monte