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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

et me rends chez le comte d’Angivillers, dont la politesse me dédommage largement de l’atmosphère ministérielle que je viens de respirer. Malgré ma résolution, ma visite est trop longue. Ainsi, le dérangement même que je lui cause est un compliment dont il ne peut apprécier la valeur. — Ces visites, toutes courtes qu’elles soient, sont les premières que j’aie jamais faites à une cour et m’ont convaincu que je ne suis pas fait pour y réussir. Je rentre à Paris dîner chez Mme de Tessé : des républicains de la plus belle eau. La comtesse, femme très raisonnable, s’est fait sur le gouvernement des idées qui, je crois, ne répondent ni à la situation, ni aux circonstances, ni aux dispositions de la France, et il y en a beaucoup comme elle.

Passé la soirée chez Mme de Chastellux, où se trouvait la duchesse d’Orléans. Mme de Chastellux me présente à Son Altesse, en m’informant qu’Elle a eu la bonté de permettre que je lui fusse présenté. Au cours de ma visite. Son Altesse royale condescend à parler à quelqu’un qui n’est qu’un homme. Mon expérience du matin m’a appris la valeur de ces quelques paroles prononcées avec bienveillance par une personne d’un si haut rang.


7 mars. — Dîné chez le baron de Montboissier, à la demande de M. de Malesherbes, qui est présent. C’est un vieillard agréable et respectable, dont la belle-fille, Mme de Montboissier, a cinq beaux enfants. Elle en est bien heureuse ; du moins elle en a plus l’apparence que toutes les autres femmes que j’ai vues ici. M. l’évêque d’Arras me dit que notre nouvelle constitution est la meilleure qui ait jamais été rédigée ; les quelques défauts qui s’y trouvent proviennent de ce que nous avons imité celle de l’Angleterre.


15 mars. — Je vais souper chez le comte de Puisi-