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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

une enveloppe blanche un testament de son évêque, la faisant son héritière. D’après certaines choses qu’il avait laissé échapper en parlant, elle avait conclu qu’il avait résolu de se suicider ; elle avait passé une nuit fort agitée et toute en larmes. M. de Sainte-Foy, qu’elle réveilla à quatre heures du matin, ne put rencontrer l’évêque, car il avait dormi près de l’église où il devait aujourd’hui sacrer deux évêques nouvellement élus. Enfin il semble que, par suite de menaces répétées, il craignait que le clergé ne le fît assassiner aujourd’hui, et il avait ordonné de ne pas faire parvenir la lettre avant le soir, ayant l’intention de la reprendre s’il passait la journée. Son trouble le lui aura fait oublier.


27 février. — J’apprends que Paris est soulevé ; j’en avais, il est vrai, observé certains symptômes ce matin. Je vais au Louvre où je rencontre l’évêque. Je reviens chez moi et trouve la place du Carrousel pleine de soldats. Je vois Mme de Chastellux qui me dit que la princesse est très alarmée de ce qui se passe à Paris. Il y a beaucoup d’attroupements, mais, comme il ne semble pas y avoir de raison suffisante pour une émeute, tout se calmera.


28 février. — Je me rends aux Tuileries ; on ne permet pas de passer par les jardins ; j’essaie alors le quai, mais la boue est impossible à traverser. Je rentre chez moi m’habiller, puis je vais dîner chez Mme de Foucault. Après le dîner, visite à Mme de Nadaillac. Elle et son mari sont en tête-à-tête. Nous parlons de religion et de morale. Le mari observe, avec une grande véhémence, que l’homme qui, sous prétexte de religion, entraîne une femme à violer les lois de la morale est pire qu’un athée. La femme essaie d’adoucir un peu cette déclaration. Or, comme il est d’un caractère et d’un tempérament froids, et qu’elle est très enthousiaste, il me semble qu’il y a là