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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

plus jeune qu’elle, joue un autre morceau très bien. Puis c’est M. Steibelt, qui est merveilleux. Cet homme se fait de cinq à dix guinées par jour. Il reçoit pour sa visite de ce soir cinquante livres. On dit qu’il dépense avec légèreté ce qu’il gagne si facilement.


16 avril. — Ce matin, visite à Paine et à M. Hodges. Le premier est sorti ; le second est dans le misérable logement qu’il occupe. Il dit que Paine est un peu fou, ce qui est assez probable. Je rends visite à Mme de Trudaine ; n’étant pas reçu, je demande du papier et commence à lui écrire, mais avant que j’aie fini un domestique m’invite à monter. Elle s’habille et Saint-André nous rejoint. Elle me reçoit bien, et nous serons un peu plus liés ensemble. Je passe chez Short pour le conduire chez Mme de Staël Après le dîner, nous assistons à une scène des plus bruyantes entre elle et un abbé. Je lui dis qu’en allant en Suisse, elle devra laisser rafraîchir son cerveau, puis digérer ses idées sur le gouvernement, idées qui deviendront bonnes par la réflexion. Je vais ensuite chez Mme de Beaumont, où nous faisons une longue visite, puis au Louvre. Mme de Flahaut entre dans son bain, et toute la société y assiste. Je reste jusque après le souper, et je ramène Mlle Duplessis chez elle. En route, je me montre enjoué, et elle en est contente. Ternant, que j’ai vu chez M. de Montmorin, me dit que Fleurieu, le ministre de la marine, va quitter son poste ; il pense qu’il sera remplacé par M. de Bougainville. Montmorin m’a rappelé que je dois aller le voir lundi.


17 avril. — Après le dîner, je vais au Louvre. Nous allons ensemble voir Mme de Nadaillac, dont le fils est atteint de la petite vérole. En rentrant chez elle, Mme de Flahaut prend encore un bain. Je vais chez Mme de Staël : brillante assistance. L’ambassadrice d’Angleterre, qui est