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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

patelines de procéder de Necker. Je lui rappelle que j’ai fréquemment dénoncé les conséquences fatales de ces demi-mesures. Il le reconnaît et dit qu’il les a vues aussi, mais il n’avait pas une vigueur d’esprit suffisante pour suivre la route qui lui semblait bonne. Je lui demande quelle est la situation du roi et de la reine par rapport aux princes. Il répond qu’il n’existe pas d’intelligence entre eux. J’affirme être informé que le roi reçoit de ses frères des lettres qu’il ne communique pas. Il avoue que cela est vrai, mais le roi lui lit les passages se rapportant aux affaires de l’État. Je lui dis que l’on m’assure que la reine reçoit des lettres de l’Empereur au sujet des affaires de la France. Là-dessus il ne s’exprime pas très clairement, et répète qu’il craint que le dernier changement ne soit dû aux conseils de l’Autriche. Il me recommande le plus grand secret d’une façon qui semble implorer ma pitié pour tant de faiblesse humaine.


19 octobre. — Ce matin, le comte de Moustier déjeune avec moi. Il raconte ce qui s’est passé hier avec le roi et la reine. Il me dit qu’ils ont une haute opinion de moi ainsi que M. de Montmorin. Le roi lui a offert l’ambassade d’Angleterre, et il devra y rester jusqu’à ce qu’une occasion favorable se présente pour le faire entrer au ministère, ce qui en ce moment serait dangereux. Il voudrait que je persuadasse à Montmorin de rester plus longtemps en place, et je promets d’essayer. Il ajoute qu’il insistera pour faire venir d’Amérique des provisions, ou plutôt de la farine, selon ma proposition à M. de Montmorin. Il a dans la tête un plan financier que je devrai découvrir, si je le peux.


21 octobre. — Le comte de Moustier vient me dire qu’il a demandé à la reine une audience au sujet de la farine. Sa Majesté a répondu qu’elle n’a jamais vu ma lettre à Montmorin et elle pense qu’elle est de nature à n’avoir pas échappé à son attention. Il me demande de lui en donner