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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

à baisser. J’apprends que l’évêque va bientôt se rendre en Angleterre.


10 janvier. — Ce matin, M. Brémond et M. de Monciel viennent me voir et restent à déjeuner. Après leur départ, je lis et j’écris jusqu’à ce que ma voiture soit prête, puis je vais chez le ministre de la marine, avec qui j’ai une conférence sur la mission de l’évêque d’Autun et sur d’autres affaires publiques. Il me dit qu’il a communiqué à la reine ses sentiments sur la mesure très maladroite que l’on vient d’adopter, et qu’elle est sensible à cette confidence. Il ajoute que l’autre jour le roi a parlé de moi en termes très favorables, lorsqu’il lui faisait connaître le projet d’une correspondance avec M. de Monciel. Je lui dis qu’il est temps de s’entendre avec l’Empereur. Il remarque (et avec justice) qu’il n’osera pas se risquer à moins d’être sûr que le roi et la reine ne feront pas de confidences imprudentes. Le risque est grand, en effet. Je dîne avec l’ambassadrice d’Angleterre. Elle me demande si à Londres je favorise le parti ministériel ou l’opposition. Je réponds que lorsque l’on propose une mesure, mon avis dépend de la mesure en elle-même et non de celui qui la propose. En conséquence, je suis pour ou contre, selon mon sentiment ; mais si l’on nomme lord Gower ministre des Affaires étrangères, je souhaiterai alors, à cause d’elle, qu’il réussisse en tout.

Je prie Mme de Tarente d’informer la reine de ma part que M. de Molleville est le seul ministre en qui elle devrait avoir confiance. Je vais à la Porcelaine avec elle. Nous échangeons de petits présents d’amitié ; elle m’en témoigne beaucoup, mais je trouve plus commode de donner de la porcelaine que mon temps. M. de Monciel me dit qu’il s’est entretenu avec M. Barthélémy au sujet de la mission de l’évêque d’Autun à Londres. Ils m’assurent que l’objet en est de contracter une alliance avec l’Angle-