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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

terre, pour faire contre-poids à l’Autriche, et d’offrir à l’Angleterre l’Île de France et Tabago. C’est de bien mauvaise politique, Brémond prétend que le parti jacobin est en possession d’un plan de ses ennemis pour opérer par la violence des changements dans la Constitution ; il m’apporte un journal contenant ce plan. Il y a lieu de croire que l’on a songé à quelque chose en ce genre. C’était absurde.

Mme de Flahaut me demande, d’un ton des plus sérieux, si j’ai conseillé à M. de Molleville de s’opposer à l’ambassade de l’évêque d’Autun. Je réponds par l’affirmative. Elle en est furieuse et nous avons une conversation aigre-douce. Après quoi, je suis très à mon aise et n’éprouve aucun embarras dans ma conversation avec elle et son évêque. Marbois m’a dit qu’il espérait que l’ambassade de l’évêque n’aurait pas lieu. L’ambassadeur de Venise a voulu avoir mon avis sur l’état des affaires. Je lui réponds que je ne sais que peu de choses et qu’il ne me plaît pas d’en savoir plus long. Il en paraît tout surpris ; il ajoute que de Staël a un congé et qu’il pense que l’ambassade en Angleterre sera arrêtée.


13 janvier. — Ce matin, M. Brémond et M. de Monciel viennent me voir. Ce dernier m’a envoyé hier soir un écrit de Duport contre M. Pitt. C’est une bien triste prose. Ils (les triumvirs : Duport, Lameth et Barnave) l’ont donné à Brémond pour le faire imprimer, et il voudrait corriger quelques-uns des défauts, mais je lui conseille de n’en pas changer une lettre, de le faire imprimer de suite, et de garder l’original. Il tiendra ainsi l’auteur à sa discrétion, car il a été écrit par Duport et corrigé par Lameth. Brémond et Monciel ont eu hier une conférence avec ces messieurs au sujet de l’ambassade de l’évêque d’Autun ; parlant des conditions qu’il allait proposer, Brémond demanda comment l’on pourrait présenter un