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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

madame, qu’il sera bien grand et véritablement grand. — Nous y travaillons, monsieur. » Je vais ensuite à la messe. Il y a eu aujourd’hui une fête civique, en l’honneur du maire d’Étampes, massacré par la foule en faisant son devoir.


4 juin. — Je rends visite à M. Dumouriez, chez qui je dîne. La société est bruyante et mal composée ; le dîner est encore pire. Je m’entretiens avec M. Bonnecarrère et lui expose les raisons qu’il y a pour abroger les décrets sur notre commerce. Il répond qu’il partage entièrement mon opinion, mais l’on ne peut rien faire avant d’avoir introduit une plus grande stabilité dans l’Assemblée. Je remarque que Dumouriez désire me parler. Je lui en fournis l’occasion, et commence par lui remettre la lettre du Président des États-Unis au roi sur son acceptation de la Constitution. Il me dit être dans l’impossibilité de s’occuper des affaires des États-Unis jusqu’à son retour des frontières. Il ajoute que si les négociateurs ont fait en Angleterre des offres considérables depuis son entrée au ministère, ils n’y étaient pas autorisés. Il est opposé à tous les traités autres que les traités de commerce. Il pense que la Constitution ne court actuellement aucun danger, qu’elle triomphera de tous les obstacles et qu’elle s’améliorera. Je doute qu’il puisse croire la moitié de ce qu’il dit.


10 juin. — Je fais aujourd’hui mes visites au Corps diplomatique et je vais à la Cour. Le roi a l’air moins affligé. Je dîne et passe la soirée au Louvre. Je dis à Vicq d’Azir que le roi et la reine doivent se persuader qu’ils sont hors de danger. Il me demande si c’est mon opinion. Je l’assure que oui, et que les troubles actuels ressemblent à ces coruscations qui suivent une tempête.


14 juin. — Je dîne aujourd’hui avec Dumouriez. Il est