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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

chose qui la préoccupe. Je lui demande de m’en faire part, mais elle refuse et j’en suis très content.


27 avril. — Mme de Chastellux me dit qu’elle attend la duchesse ce soir. Je reste pour attendre Son Altesse. Elle arrive assez tard, et se montre pleine de prévenances ; faisant allusion à ses différents messages, elle exprime son extrême regret de ne pas m’avoir rencontré ; je réponds de mon mieux. De fait, je n’y comprends rien, tout en étant obligé de m’en tenir à l’explication que je m’en suis donnée. Elle a une longue conversation politique avec ses amies au sujet des assemblées électorales, et je la félicite d’occuper ainsi son esprit ; sa santé s’en trouve déjà bien. Elle dit qu’elle ne peut prolonger sa visite, car elle va voir ses enfants. Elle est arrivée bien tard, et ne serait même pas venue, si elle n’eût désiré me voir. C’est là visiblement du persiflage, mais il serait mal poli de ma part de ne pas sembler y ajouter foi.


28 avril. — En me rendant chez M. Millet, j’aperçois des troupes marchant vers le faubourg Saint-Antoine avec deux petites pièces d’artillerie. Il paraît qu’il y a eu une émeute de ce côté. Chez M. Millet, on m’en fait un récit terrible, mais certainement exagéré. J’apprends plus tard que l’émeute a été assez sérieuse. Il paraît que le billet que j’ai reçu n’est pas de Mme Millet, et que j’ai commis à ce sujet une erreur grossière ; je suis fort intrigué.


1er mai. — Je m’habille pour me rendre à la réunion convenue chez M. Millet. Madame attend son chapeau, et nous-mêmes nous attendons quelques invités. Nous nous rendons au Palais-Bourbon, pour visiter les petits appartements et le jardin qui sont très beaux. Nous allons de là au cabaret dîner à la matelote ; les invités sont les mêmes que la