Page:Journal de Littérature, des Sciences et des Arts, tome 2, 1783.djvu/418

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

trouve à la fin du Roman, retiré à Saint-Germain, où il mène une vie fort triſte, en proie aux remords de ſa conduite paſſée ».

« Cette Emilie Ridge, l’amie d’Anna, eſt, ſelon moi, la perſonne la plus intéreſſante de l’Ouvrage. Elle a été élevée avec elle dans une penſion, où elle n’avoit aucune connoiſſance de ſes parens ; elle ſavoit ſeulement que ſa mère la déteſtoit, pour porter toutes ſes affections sur ſa ſœur aînée, qui, comme il arrive toujours, étoit une personne très-haute, très-dure, & remplie de beaucoup d’autres mauvaises qualités. Emilie au contraire, éprouvée par le malheur, avoit un caractère doux, honnête & ſensible ; elle aimoit beaucoup Anna & ſa maîtreſſe de penſion, les ſeuls êtres qui lui euſſent jamais marqué de l’amitié ; auſſi, la ſéparation d’Anna lui fut-elle très-douloureuse ; elle lui écrivoit ſouvent, l’inſtruiſoit, autant qu’elle le pouvoit, de tous les revers auxquels ſa mauvaise fortune l’expoſoit, & c’eſt dans ces lettres qu’on apprend la ſuite de ſes malheurs ».

« Elle menoit une vie douce & paiſible dans ſa retraite, lorſque le haſard y conduiſit un jour trois perſonnes qu’elle ne connoiſſoit pas, mais qui eurent par la