Page:Journal de Marie Lenéru.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
XXXIX
PRÉFACE

de cette époque semble avoir été un séjour à Lourdes dont pouvait sortir une guérison. Avant le départ voici comment elle s’exprime au sujet de cette tentative :

« Tu connais mes idées. J’irais à Lourdes toute ma vie sans être guérie que cela ne porterait pas ombre à ma foi en la Providence. Je n’y vais même pas pour tenter une épreuve. Je considère ces miracles (puisqu’ils sont historiques) comme un hommage rendu à la foi des humbles auquel je n’ai aucun droit. Tu vois donc que je peux y aller sans que la raison ait à me reprocher d’être en désaccord avec moi-même. On m’a dit que le site était d’une véritable beauté et que nous irions au Cirque de Gavarnie, n’est-ce pas suffisant pour vous consoler que le Ciel ne fasse pas pour vous un miracle ? »

Ah ! ne vous laissez pas prendre à cette impassibilité ! Je suis sûr que prosternée parmi les misérables qui rampent au seuil de la grotte sacrée, leurs yeux de fièvre implorant la Vierge au manteau bleu, Marie adressa la plus désespérée, la plus affolée de toutes les supplications. Mais elle ne se trompait pas en disant qu’il fallait, pour être exaucée, une humilité qui ne lui était pas donnée. Une femme qui, en se précipitant aux genoux de la Mère du Sauveur, se préoccupe d’être d’accord avec sa raison n’a pas la moindre chance de rien obtenir. Si Marie rapporta du voyage le souvenir du site