Page:Journal de l’agriculture, du commerce et des finances - septembre 1765 - T2 - Part 1.djvu/61

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inculper que leurs déreglements Ceci nous meneroit inſenſiblement à une autre cauſe du mal phyſique & du mal moral, laquelle eſt d’un autre genre que les loix phyſiques ; c’eſt le mauvais uſage de la liberté des hommes. La liberté, cet attribut conſtitutif de l’homme, et que l’homme voudroit étendre au-delà de ſes bornes, paroît à l’homme n’avoir jamais tort ; s’il ſe nuit à lui-même par le mauvais uſage de ſa liberté, il ſe plaint de l’Auteur de ſa liberté, lorſqu’il voudroit être encore plus libre[1] ; il ne

  1. Que ſignifient ces mots plus libre ? Signifient-ils plus arbitraire c’eſt-à-dire plus indépendant des motifs qui agiſſent ſur la volonté ? Non, car cette indépendance, ſi elle étoit entiere, réduiroit la volonté à l’état d’indifférence ; & dans cet etat la liberté ſeroit nulle : ce n’eſt donc pas dans ce ſens que l’on peut dire plus libre. Ces mots peuvent encore moins ſe rapporter à l’état de volonté ſubjuguée par des motifs invincibles. Ces deux extrêmes ſont les termes qui limitent l’étendue de l’uſage naturel de la liberté.

    La liberté eſt une faculté relative à des motifs excitans & ſurmontables, qui ſe contrebalancent & s’entre affoi-