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Page:Journal de physique théorique et appliquée, tome 5, 1896.djvu/351

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interne de la cage, en égalisant les potentiels de ces deux conducteurs.

II. Il serait cependant incorrect de supposer que les rayons X (ou l’air qu’ils ont rencontré) agissent comme un faisceau de fils conducteurs, ou comme un électrolyte ordinaire. L’expérience suivante prouve, en effet, qu’ils peuvent réunir deux corps de potentiels très différents, sans cependant égaliser ces potentiels.

Un pinceau de rayons, défini par deux ouvertures, traverse une feuille métallique mince F, portée, par rapport au sol, à un potentiel d’au moins 50000 volts. Puis il entre par une petite ouverture et sans effleurer les bords de cette ouverture, dans un cylindre de Faraday relié au sol et à la cage d’un électromètre. Il se termine dans ce cylindre sur un disque métallique lié à l’aiguille de l’électromètre et qui, d’abord, est au potentiel du sol. Ce pinceau de rayons réunit donc deux conducteurs dont les potentiels diffèrent de plus de 50000 volts, et il ne touche aucun autre conducteur ; cependant, l’aiguille reste immobile, ou, du moins, si son potentiel varie, il ne varie pas de de volt.

L’efficacité de la protection électrique produite par le cylindre de Faraday doit être vérifiée à l’avance avec le plus grand soin. Quand cette protection est insuffisante, c’est-à-dire quand le disque et la feuille métallique F sont réunis par des lignes de force, les rayons X agissent très nettement. Cette action, qui sera expliquée plus loin, a pu faire illusion sur le résultat de l’expérience[1].

III. Les rayons X (ou l’air qu’ils ont traversé) peuvent donc, sans égaliser leurs potentiels, réunir des conducteurs dont les potentiels sont très différents, pourvu seulement que ces conducteurs n’échangent pas de lignes de force. On ne peut donc les assimiler même à des fils médiocrement conducteurs.

On peut montrer, d’autre part, qu’ils égalisent les potentiels de deux conducteurs, même sans les rencontrer, s’ils rencontrent des lignes de force allant de l’un à l’autre.

Pour établir cette propriété, je vais d’abord décrire l’expérience même qui me l’a fait entrevoir.

La bobine d’induction et le tube de Crookes sont enfermés dans

  1. M. Lafay a décrit les Comptes rendus t. CXXII, p. 837 et 926 ; 1896, une expérience identique, mais pour laquelle il donne un résultat contraire à celui que j’indique.