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JOURNAL ENCYCLOP.

allarmés, & pleins d’un ardent amour pour la bonne cauſe. Pluſieurs avoient plus de zèle que de lumières. Beaucoup d’hypocrites s’y gliſſèrent avec eux ; ainſi que beaucoup de perſonnages endettés, ſans induſtrie, pauvres, par faineantiſe, & qui voyoient de quoi eſpérer dans un changement quelconque. Pluſieurs hommes juſtes & ſages, qui ſçavent que dans un Etat bien adminiftré, tous les citoyens ne font pas les affaires publiques, mais que tous doivent faire leurs affaires domeſtiques, s’en ſont retirés depuis. D’où il ſuit que cette aſſociation doit être en grande partie composé de quelques joueurs adroits qui préparent les haſards, & qui en profitent ; d’autres intrigans ſubalternes à qui l’avidité & l’habitude de mal faire tiennent lieu d’eſprit ; & d’un grand nombre d’oiſifs honnêtes, mais ignorans & bornés, incapables d’aucune mauvaiſe intention, mais très capables de ſervir, ſans le ſavoir, les mauvaiſes intentions d’autrui.

Cette ſociété en a produit une infinité d’autres : villes, bourgs, villages en ſont pleins. Preſque toutes ſont ſoumiſes aux ordres de la ſocieté mère, & entretiennent avec elle une correspondance très active. Elle eſt un corps dans Paris ; elle eſt la tête d’un corps plus vaſte qui s’étend ſur la France. Ceſt ainſi que lÉgliſe de Rome plantoit la foi, & gouyernoit le monde par des congrégations de moines.

Cette congrégation fut imaginé & exécuté par des bommes très-populaires, il y a deux ans ; & qui virent fort bien que c’étoit un moyen d’auementer leur pouvoir & de tirer un grand parti de leur popularité, mais qui ne virent pas combien un pareil inſtrument étoit redoutable & dangereux. Tant qu’ils les gouvernerent, toutes les erreurs de ces ſociétés leur parurent admirables ; depuis qu’ils ont eux-mêmes été