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MARS 1792.

détruits par cette mine qu’ils avoient allumée, ils déteſtent des excès qui ne ſont plus à leur profit ; & diſant plus vrai, ſans être plus ſages, ils ſe réuniſſent aux gens de bien pour maudire leur ancien chef-d’oeuvre ; mais les gens de bien ne ſe réuniſſent point à eux.

Ces ſociétés déliberent devant un auditoire : qui fait leur force ; & l’on conſidère que les hommes occupés ne négligent point les affaires, pour être témoins des debats d’un club ; & que les hommes éclairés cherchent le silence du cabinet, ou les converſations paiſibles, & non le tumulte & les clameurs de ces bruyantes mêlées ; on jugera facilement quelles doivent être les habitués qui compoſent cet auditoire. Ont jugera de même quel langage doit être propre à s’aſſurer leur bienveillance

Une ſimple equivoque a ſuffi à tout. La Conſtitution étant fondée ſur cette éternelle vérité, la ſouveraineté du Peuple, il n’a fallu que persuader aux tribunes du club quelles ſont le Peuple.

Cette déſinition eſt preſque généralement adoptée par les publiciſtes, faiſeurs de Journaux. Et quelques centaines d’oiſifs réunis dans un ſpectacle, ou quelques troupes de bandits qui pillent des boutiques, ſont effrontément appellés le Peuple ; & les plus inſolens deſpotes n’ont jamais reçu des courtiſans les plus avides, un encens plus vil & plus faſtidieux, que l’adulation impure dont deux ou trois mille uſurpateurs de la ſouveraineté nationale ſont enivrés chaque jour, par les écrivains & les orateurs de ces fociétés qui agitent la France.

Comme l’apparence du patriotiſme eſt la

ſeule vertu qui leur ſoit utile, quelques hommes, qu’une vie honteuſe a flétris, courent y faire foi de patriotiſme par l’emportement de

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