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JOURNAL ENCYCLOP.

leurs diſcours ; fondant l’oubli du paſſé & l’eſpérance de l’avenir ſur des déclamations turbulentes & ſur les paſſions de la multitude, & ſe rachetant de l’opprobre par l’impudence.

Là ſe nanifeſte journellement des ſentimens & même des principes qui menacent toutes les fortunes & toutes les propriétés. Sous le nom d’accaparemens, de monopoles, l’induſtrie & le commence ſont repreſentés comme des délits. Tout homme riche y paffe pour un ennemi public. L’ambition & l’avarice n’épargnent ni honneur ni réputation, les ſoupcons les plus odieux, la diffamation effrénée s’appellent liberté d’opinions. Qui demande des preuvee d’une accufation, eſt un bomme ſuſpect, un ennemi du Peuple.

Là, toute abſurdité eft admirée pourvu qu’elle ſoit homicide ; tout menſonge eſt accueilli pourvu qu’il ſoit atroce. Des femmes y vont faire applaudir les convulſfions d’une démence ſanguinaire.

La doctrine que toute délation vraie ou fauſſe eſt toujours une choſe louable & utile, y eſt non ſeulement pratiquée, mais enſeignée au moins comme ce que les Jéſuites appelloient une opinion probable. Un homme fait un diſcours rempli d’invectives & d’imputations diffamatoires, dans l’allégreſſe générale on en décide l’impreſſion ; puis interrogé pourquoi il ne l’a pas publié tel qu’il l’avoit prononcé & pourquoi il a fupprimé quelques unes de ces brillantes délations qui en avoient fait le ſuccèss ; il répond, avec une franchiſe qui ne l’honore pas moins que ceux dont il étoit alors le preſident, qu’au fond il n’étoit pas ſûr que tout ce qu’il avoit dit fût bien vrai ; & qu’il a mieux aimé ne pas s’expofer à un procès criminel

On y attaque auſſi quelquefois des coupa-