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VISIONS DE L’INDE

d’oiseaux variés portant sur leurs ailes toutes les couleurs du prisme avec des gosiers où vibrent toutes les harmonies !

Ici aucun faste, pas assez même ; rien qui surexcite les nerfs, tout est simple et presque nu, mais l’âme délivrée s’élance. Elle s’est péniblement échappée de la prison merveilleuse de l’univers ; et elle grelotte, n’étant pas encore habillée d’Absolu, sous la gaze humble et parfois déchirée de l’espérance. Ah ! pureté faite de sacrifice, tu es belle d’une beauté que l’artiste, s’il n’est que cela, ne saurait même entrevoir !

L’âme, ébranchée par la douleur et par la foi, s’aiguise plus haute et plus saine.

Quelle noblesse est gagnée à cette apparente diminution ! comme l’esprit est allégé, comme le cœur bat plus heureux et plus calme ! Cette maison moderne sans splendeur ni grâce dépasse les richesses et les complexités de l’imagination asiatique, parce que l’Idéal l’habite et que la pensée d’une Vierge bienfaisante s’y repose…


Dans le silence, tandis que le père Engelberg vient de s’agenouiller, il me semble que j’entends une voix :

« Voilà que ta jeunesse, dit-elle, a cherché dans les perversités que tu as cru artistisques, dans les