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VISIONS DE L’INDE


II

Le Temple de Kali l’Égorgeuse.

Après avoir télégraphié aux consuls de France et de Belgique de nous rejoindre, nous montons dans un large fiacre en bois (first class) ; l’Hindou grimpe sur le siège à côté du plus malpropre des cochers, à la face noire comme l’ébène, aux jambes d’échalas toutes nues. Rozian, mon boy, m’a laissé ; étant musulman, il hait les idoles et leurs rites. Nous traversons le quartier riche de Calcutta, le Maidam, Chowringhi, où les clubs se dressent avec leurs blanches colonnades, où les villas des particuliers sont ceinturées d’arbres aux essences inconnues et de jardins hérissés parfois de cobras en attente. Nous enfilons enfin les rues populeuses où grouillent les natifs pareils à des vermines humaines sous leurs manteaux de couleur. De nouveau, c’est l’atmosphère microbée de choléra et de fièvre ; une sorte de malaise émane de ces magasins pouilleux et de ces traverses juteuses. Des hordes ont envahi les trams électriques qu’aucun blanc ne daigne adopter. Elles vont, comme nous, à Kali-Ghât, portées par les superstitions millénaires, amoureuses d’idoles, de